Mercredi, j'ai eu la chance d'assister à l'avant-première de Ratatouille, le film de Pixar qui sort le 1er août en salle. Si je ne rate jamais un Pixar, celui-ci avait une saveur particulière pour plus d'une raison, j'étais forcément très impatient de le découvrir. A tout ce qui fait le charme des studios Pixar -le court-métrage qui précède, les exploits technologiques, le double niveau de lecture de l'histoire- s'ajoute cette fois plus la promesse de découvrir un Paris quasiment onirique. Mais c'est aussi pour avoir étrangement participé, un peu par procuration, à sa production que mercredi était un grand jour. Je n'ai pas été déçu.
Le court-métrage : Lifted
C'est une tradition, chaque long-métrage est accompagné d'un film court aussi créatif et enthousiasmant que le long qui suit. Pas de déception cette fois-ci avec Lifted, réalisé par Gary Rydstrom, un pur délire qui nous montre les premiers pas d'un extra-terrestre dans l'enlèvement d'un terrien.
Le film est déjà disponible sur Dailymotion mais perd forcément de sa force de frappe la qualité de l'image en moins.
Les exploits technologiques
Un conseil : ne pas aller voir Ratatouille le ventre vide ! Le rat surdoué en haute gastronomie nous invite dans les coulisses d'un grand restaurant et donne à voir des images de nourriture qui associent paradoxalement réalisme exceptionnel et capacité à sublimer tout ce qui se mange dans une cuisine : épices, fruit, soupe, rognons... Le moindre petit légume devient une débauche de gourmandise pour les yeux. Un truc à vous donner envie de vous jeter sur une vraie ratatouille en sortant du film.
Même si Pixar nous y a habitué dans ses films précédents, le Studio réussit une nouvelle fois à nous surprendre avec sa capacité à donner vie à des animaux rarement animés au cinéma. Le dossier de presse confirme à travers les mots de Dylan Brown, superviseur de l'animation, que le studio travaille particulièrement à respecter la vraie nature des animaux en se basant sur la réalité, en l'extrapolant puis la caricaturant juste ce qu'il faut. La difficulté dans Ratatouille aura été de trouver de nouvelles façons de représenter les rats et leur monde de façon séduisante comme cela avait déjà été fait pour les poissons dans Le Monde de Némo.
Parmi les autres exploits, le travail sur la fourrure initié avec Monstres & Cie puis les Indestructibles est ici complètement abouti sur des rats dotés de 30.000 "poils clés" ! A noter également une scène aquatique dans les égouts tout à fait bluffante.
Le double niveau de lecture de l'histoire
On a beaucoup lu que la production du film n'avait pas été simple, que Brad Bird avait du réécrire quasiment l'intégralité du film en reprennant le projet en main. Les fans reconnaîtront sa patte. Le rat surdoué utilise l'homme comme une marionnette pour exprimer son talent, l'intolérance, le besoin quasi vital de retrouver son âme d'enfant et le rejet de la différence sont présents en filigranne tout au long du film, la guerre des sexes, le racket, l'amour au travail égrennent les moments clés du film. Mais c'est aussi un dessin animé pour enfants !
Paris comme on ne l'avait jamais vu
Là encore totalement réaliste et complètement réinventé, le Paris vu d'un rat en image numérique vaut le détour. Quelques vues en hauteur sublimes, les quais de la Seine qui semblent fidèles au moindre pavé, quelques monuments gommés (je n'ai pas vu le centre Pompidou) mais une tour Eiffel luminescente, ces images là auraient suffi à faire mon bonheur.
Bien sûr, pour rappeler à ceux qui auraiient de vrais gros problèmes de géographie qu'on est en France, on n'échappe pas à quelques clichés à l'image du béret porté par le critique gastronomique devenu gentil.
Un exploit personnel
J'ai réussi à ne pas reconnaître la voix de Jean-Pierre Marielle (oui, c'était en VF) ! A ses côtés, la chanteuse Camille, qui interprète le générique pour le monde entier, ne démérite pas dans ses premiers pas de doubleuse. PEF, des Robins, est comme toujours excellent en frère de héros un peu raté mais attachant.
L'anecdote pour les fines bouches
J'ai travaillé pendant plusieurs années pour l'agence qui gérait en France les RP de Pixar jusqu'à son rachat par Disney. Pendant quelques jours, l'équipe du film, alors en pré-production, est venue à Paris pour réaliser les repérages qui ont visiblement porté leurs fruits. Leur visite revêtait un tel niveau de confidentialité que je savais moi-même à peine qu'il y serait question de rats, très peu de collaborateurs étaient au courant de leur présence dans nos mûrs. Je connaissais les lieux qu'ils s'apprêtaient à visiter mais ne devais le révéler à personne.
Le lendemain de leur départ, je prends un taxi-moto pour tenter d'arriver à l'heure à un rendez-vous. Le chauffeur, pour détendre, a alors passé le trajet à me raconter qu'il avait transporté la veille depuis le même endroit un monsieur qui préparait le prochain Disney en ajoutant quelques détails croustillants sur l'histoire du film où il était question d'un rat au talent de cuisinier exceptionnel, très proche des humains et que l'ensemble se déroulerait à Paris...
Dans nos "mûrs" ou nos "murs"
En tous cas, je ne pensais pas que l'idée était si ancienne :)
Rédigé par : greg | 22/07/2007 à 11:07